Parce que dans la vie, rien ne va tout droit. Parce qu’il faut souvent se tromper pour avancer. Parce qu’il faut d’abord tomber pour mieux se relever. Parce qu’il faut essayer pour savoir, parce qu’il faut se brûler pour apprendre, parce qu’il faut goûter pour aimer. Parce que les erreurs sont humaines, et parfois inévitables, voire souhaitables, pour mieux (re)prendre position, pour (re)partir du bon pied.

Malgré leur trentaine galopante, Manu et Sylvain sont déjà des pionniers, des aventuriers, des explorateurs. Le genre de gars qui tracent toutes les routes, des grands axes aux contre-allées, en passant par les autoroutes en friche. De ceux qui t’emmènent au vent. Nos deux amis à la culture musicale incommensurable dévorent les genres comme ils écrivent une oeuvre qui ne ressemblera qu’à eux-mêmes. Puissante mais contrôlée, urgente mais fouillée, libre mais référencée.

Traversé par la poésie brute d’un Gérard Manset, se posant aux frontières de la chanson et du rock, comme seul un Bashung a su le faire, habité de la spontanéité, l’authenticité et l’audace d’un Fauve, d’un Noir Désir ou d’un Dominique A, le duo guitare/batterie formé en 2021 raconte la rencontre électrique de la fougue et de la sagesse, de l’aléatoire et de la destinée, de la marge et de la densité. Du crépuscule à l’aube, de Dunkerque aux Amériques, en passant par Paris et Londres, nos deux camarades gardent à la fois la grisaille et la lumière, pour dépeindre un univers hyperréaliste de sensations contradictoires, soufflant le chaud et le froid, où l’ennui embrasse l’espoir. Le groupe redessine un rock en français personnel, à la plume légère et singulière, renouvelé par l’éclat d’une musicalité soignée et hors du temps, à l’avant-garde de ce que la France fait de mieux, aux côtés d’un Grand Blanc ou d’autres Feu! Chatterton par exemple. Il suffit de les écouter pour le voir.

Hiver 1995